Je suis sans doute de ceux qui remettent au lendemain tout ceuw qu'ils peuvent faire le jour même. Je suis sûrement de ceux qui s'angoissent pour un rien et qui pourraient se noyer dans un verre d'eau... D'ailleurs, voilà bien une question rhétorique qu'est pourquoi je suis encore là à une heure moins le quart à tapotter sur mon clavier alors que cela fait des heures que je devrais être couchée ? Eh oui... C'est dans des moments pareils que je m'en veux à ce point.

   Deux semaines que j'aurais du finir de travailler sur un dossier sur les pays des balkans qui au delà de me barber m'énerve particulièrement, prise d'une peur panique additionnée à une nuit blanche, j'étais restée à la maison avec comme compagnie une migraine et une nausée. Voilà que j'aurais eu le temps de paufiner ce travail mais c'est ce soir que dois faire cela... je suis rongée par les remords depuis des heures déjà, moi qui me faisais une joie de regarder Tout le monde dit "I love you", je n'ai pas quitté la télévision, enchaînant sur un documentaire sur les comédies musicales et un sur Judy Garland au point que depuis tout-à-l'heure je passe en boucle "Somewhere Over The Rainbow".

   Je me hais dans ces moments là. Je suis pleine de bonne volonté, à chaque fois, et je fiche tout par terre... Rah je me hais ! A cause de mes conneries je vais passer les cinq prochaines heures à gratter sur du papier au lieu de dormir et ensuite je serai épuisée et je ne serai plus bonne à rien pour travailler. Mais quelle abrutie ! Je n'hésite pas à m'injurier, comme ça s'il me prend l'envie de recommencer, je lirai cet article pour me dire qu'il ne vaut mieux pas que je me remette encolère après moi comme ça. Et ces angoisses qui reprennent... j'ai un mal de ventre pas possible et la migraine qui revient. Non, il faut que je travaille, j'ai dit que j'avais envie d'être dans les meilleurs, il faut que j'y parvienne et on n'y parvient pas sans travail.

   Merde ! Rah... je le redis encore mais je m'en veux ! Et il ne faut pas que je reste à la maison demain... il faut que j'affronte au lieu de fuir. Et puis... il me manque terriblement mon bonhomme. Vraiment il faut que j'arrête avec ce travail à la con. je me dis que tant pis, il sera bâclé, à la limite je préfère ça tellement j'en ai ras le bol. Je ratrapperai le coup plus tard... Oui, c'est ça. Bon c'est décidé, je le fais vite fait. Ce n'est pas très raisonnable, mais je deviens vraiment angoissée et résuite à l'état de môme dans des moments pareils... Je dois moi-même me mettre la pression. Je ne fais rien mais je m'en veux tellement après que... non je ne dirais pas que je me détruis, mais je me fais du mal. Et pour rien en plus...

   C'est peut-être trop compter sur lui que de lui demander de m'aider à me relever quand je suis dépassée par un rien comme ça, qu'il me dise bon allez tu t'y mets maintenant sinon tu vas t'en vouloir après parce que je l'aime tant que lui je l'écouterai. Est-ce que ça veut dire que je ne m'aime pas moi-même ? A vrai dire, je n'en sais rien... Et s'il faut se demander pourquoi je vous en parle, c'est que j'en avais grandement besoin. En cette nuit pleine d'angoisses et de colère, j'avais besoin d'une bouffée d'air frais. Merci...

Je suis là, le sourire béat assise devant mon piano
Mais que fais-je sur ce quai ?
A contempler d'un air rassuré les flots
En fait, je crois bien avoir les yeux fermés...

Autour il y a foule
Il font partie du décor
J'en ai les larmes qui coulent
Mes rêves ne sont donc pas morts !

Et cet orchestre et tout ces enfants...
Quelle douce mélodie
Leurs morceaux et leurs chants
Et je me sens accomplie.

Je saute les rejoindre
Histoire de rire avec eux
A l'affut du moindre
Sentiment heureux.

Le ciel devient gris et nous menace
De gigantesques trombes d'eau
Nous prendrions cela comme une légère farce
Et regarderions avec optimisme les flots

Voici que je reviens le cœur rempli
Comme un ballon qui s'envole
D'amour, de bonheur, et c'est ainsi
Que j'ouvre les yeux et me prend pour une folle.

...

Et c'est en entendant cette demi-seconde de trompette, qu'une multitudes de souvenirs sous forme de sensations me reviennent... et agréables avec ça.

   Lorsqu'elle eut fait l'amour avec celui qui la considérait déjà comme la femme de sa vie, Tinie fixa le plafond ou bien le vide, en apparence. Son partenaire qui, malgré ses vingt ans, ne semblait pas tout a fait être devenu un homme, dormait à point fermé. Sur son visage, on lisait l'expression d'un enfant comblé. Il se tourna vers Tinie et se blottit tout contre elle, avec un léger sourire à la commissure des lèvres. Tinie ne semblait pas y prêter attention... elle regardait le plafond blanc assombri par la nuit et coloré d'un léger bleu à cause des lumières qui rentraient par la fenêtre. Le vent qui faisait danser les feuilles mortes dehors créait un son apaisant, comme pour rassurer, pour dire que dehors il y avait de la vie. Tinie fixait ses pensées, et écoutait la mélodie du doux violoncelle qui retentissait dans son esprit.