Je suis de ces gens qui sont toujours tristes au fond, et qui versent une larme par envie, parce que ça fait partie d'eux. Je suis de ces gens qui on le bonheur qui court et danse sous leur nez mais qui veulent garder la tête haute et les larmes ravalées pour ne pas regarder par terre, mais qui donc manquent quelque chose.

   Je regarde un rayon de soleil qui s'est faufilé par un petit trou dans mon volet et qui vient éclairer mon visage, comme pour dire "tiens, te voilà illuminée, on pense à toi..." et ça me fait tant plaisir que j'en ai mal, et je ne puis encore m'extirper de ce flot de larmes qui ne demande à former une cascade partant de mes yeux qui ont oublié de rester gais et bleus pour devenir aussi gris qu'un nuage pluvieux.

   Pourquoi cela ? Pourquoi maintenant ? Je suppose que je n'étais pas heureuse, que c'était un leurre... Mais pour quelles raison ce brouillard noir enveloppe mon esprit ? Il y a plus malchanceux que moi... mais je n'y arrive pas. C'est peut-être ce qu'on appelle une dépression, cette envie de rester seul dans ses pensées, de se renfermer sur soi, de perdre confiance en soi parce que "si tu n'as pas confiance en toi, c'est toujours par rapport aux autres" alors un monde à soi, où l'on est roi, c'est forcément mieux. Et les autres... je les oublie peu à peu. Mais est-ce vraiment sain ? Et après tout qu'est-ce qui est sain et qu'est-ce qui ne l'est pas ? C'est vrai que lorsque je vis là-bas, il y a cette petite voix qui guette à la porte entre illusion et réalité et qui me dit "Ne vas pas trop loin, j'aimerais que tu puisses revenir après" comme s'il fallait que je revienne parce que quelque chose devait m'attendre dans le monde réal, quelque chose qui illuminerait ma vie. Mais pourquoi cette chose attend-t-elle ? Dois-je effectuer quelque chose pour que cela se déclenche ? Tu remarqueras que je suis assallie de questions...

   Noël approche et j'ai encore ce spleen qui me poursuit. Toujours pas de décorations d'installées ici. Je me demande si elle le seront d'ailleurs... et moi je trouve ça triste. De toute façon, je ne vois même pas venir Noël et je me demande même si je fêterai mon anniversaire. Avec leurs saloperies de vacances qui arrivent tard, il me l'ont coincé et je n'ai qu'une possibilité de jour pour le fêter. Et merde, je le fête pas et puis c'est tout. Rien envie de faire... mais envie d'avoir envie de m'activer parce que le regard des autres sur moi en état de loque, et mon regard méprisant sur ceux qui sont dans cet état de loque. C'est comme si je me voyais moi-même me regarder dans cet état de dépendance et de tristesse et éprouver un mépris sans limites et un soupçon de pitié parce que oui, j'ai mon orgueil.

   Tout ça pour dire que je suis coincée dans le temps, je n'avance plus et je ne vois plus les choses passer. Au lieu de regarder autour de moi, c'es comme si je regardais mes pieds et qu'en relevant la tête, tout avait déjà changé. Mais peut-être est-ce parce que je ne suis qu'à demi là.