L'été est revenu dans ma tête. Un pré ensoleillé, l'herbe à moitié brûlée, l'odeur des arbres, le son des insectes, mais à la fois un immense silence... et une plénitude sans limites. Je croyais ne plus être capable de ressentir ça à nouveau. Cet été, j'ai essayé en vain, mais ce n'est pas forcément l'été en lui même qui me fait ça. Pour la deuxième année, l'été arrive pour moi avec une saison de retard... ce n'est pas plus mal, comme ça cela reste mon été à moi.

   Trop de soleil qui me tape sur la tête, lorsque je pose ma main dessus j'ai presque l'impression de me brûler. Vite, un arbre pour se reposer... Rien que d'imaginer ce monde qui n'a plus tant de couleur pour avoir la sensation qu'il a pris de la poussière, de l'âge et de la beauté... de la valeur. J'aime m'y réfugier pour ne plus penser que j'ai froid, pour ne plus penser qu'il sont là à me glacer le sang plus encore que la météo pourrie et que le pire est que le problème vient de moi.

   Je ne suis pas une misanthrope, contrairement à ce qu'il m'arrive de dire pour plaisanter. Le courant passe avec les gens, mais lorsque je me retrouve seule avec moi-même, je peux étendre ce monde, et l'étendre encore, imaginer les moindres de ses recoins, y mettre de la magie, encore l'étendre, le tirer, le trouer, le racommoder, le broder de couleurs... et s'il fallait en parler, je serais "bizarre" ou bien une "illuminée". Je me contente de laisser s'échapper des bribes de mon passe temps et on se contente de dire que je réfléchis beaucoup, même beaucoup trop.

   J'ai voulu regarder Podium tout à l'heure et... je n'en ai pas vu la moitié, un œil me piquait et en le fermant je n'ai pas remarqué que le deuxième faisait de même, et en un rien de temps je me suis endormie. Moi aussi j'ai vécu dans ce bout de songe une aventure où je me prend pour quelqu'un d'autre. Je me retrouve dans ses vêtements sombres, mes cheveux longs, la guitare dans une main et un livre dans l'autre. Et je m'installais quelque part pour jouer. Mon Dieu que je regrette de ne pas pouvoir voyager dans les années soixante... à quoi bon après tout si j'y étais j'aurais voulu aller dans les années trente. Allons bon ce n'est pas grave...

   J'ai quand même goûté à une douce rêverie que je garde bien au chaud car je sais la faire revivre à présent, la même qu'il y a presque un an. Je marche dans ce pré, je m'installe sous cet arbre (un pommier, je crois... non un arbre plus gros que ça), et je commence à jouer... c'est parti.