Bonsoir.

Je vais dire que je m'appelle June, tout ça parce que j'ai retiré trois lettres, tout ça parce que je n'aime pas mon prénom. Et parce que c'est au mois de juin que je peux commencer à mettre des robes qui virevoltent. Je suis jeune, assez pour être considérée comme une môme, pas assez pour qu'on dise que je ne suis pas responsable de mes dingueries. Je suis bizarre depuis longtemps déjà, d'une autre manière depuis bientôt deux ans. J'aime bien trifouiller mes cheveux, qu'on me trifouille les cheveux, trifouiller des instruments de musique, je tousse sans arrêt, j'aime pas les bisous mais j'adore quand la personne est particulière, j'aime regarder les gens mais je n'aime pas quand les gens me regardent. Je suis munie d'un chat qui se prend pour un chien qui se prend pour un pigeon, de deux gerbilles qui pensent être en conflit planétaire et qui rongent les barreaux en imaginant qu'ils s'agissent de mon indexe qui se situe cinq centimètres plus loin, et d'un lapin qui vendrait son âme au diable pour trouver une lapine. Amoureuse, moi ? Effectivement, comme à mon habitude, parce que c'est bien et que ça fait passer le temps. Et quand on aime quelqu'un, tant qu'à faire autant avoir raison et que ce soit quelqu'un de génial. Un type gentil, beau, intelligent, sportif, musicien et qui me fait rire parce que c'est important de rire. Très très important. Ça fait les abdos. En couple, moi ? Oui et non à la fois. En plus d'être une handicapée sentimentale, sociale et émotionnelle, j'ai la particularité de ne pas pouvoir me tenir debout sans bouger plus de dix minutes sans ressentir un incroyable mal de dos qui me donne l'impression d'avoir les disques de ma colonne qui se déboîtent et tombent par terre, me laissant agonisante. Je fais des études littéraires alors que je déteste lire ce qu'on me donne à lire. J'aimerais apprendre une multitude de langues pour aller dans une multitude de pays, rencontrer une multitude de gens et avoir une multitude d'histoires à raconter. Je trouve la vie belle et quand parfois elle l'est moins je me dis que ça ne va pas durer bien longtemps. J'adopte la philosophie du "qui ne tente rien n'a rien" et préfère regretter d'avoir fait que de ne pas avoir fait pour éviter les questions du genre "qu'est-ce qui se serait passé...?" parce que des questions qui m'assaillent, y'en a déjà trop. Je veux vivre ma vie à fond, j'ai bu une p'tite soupe, un p'tit thé, et je vais aller me coucher parce que mes lombaires font encore des leurs.

Bonne nuit.