Le train s'arrête. La foule sort. Une multitude de voyageurs s'agite dans la gare... des messieurs en costume, tenant une serviette, des grand-mères accompagnées d'enfants intenables, un jeune homme aux larges lunettes, tenant une pile de bouquins, un groupe de jeunes censés être là pour étudier mais dont on sait que la pensée qui règne est celle de faire la fête toute la nuit, les familles qui viennent en vacance, les touristes qui viennent visiter... une jeune fille sort, scrute les environs. Ses yeux gris balayent la gare à la recherche d'un passage par lequel se faufiler pour sortir sans se faire trop bousculer.

   Rose est frêle. Tandis que les gens discutent, chahutent ou dorment, Rose est restée des heures assise sur son siège à contempler les paysages défilant derrière la vitre pendant le trajet. La voilà qui se dégourdit les jambes, elle sort de la gare d'un pas rapide. La ville est si belle... un sourire s'affiche à la comissure de ses lèvres, explorer cet endroit inconnu est pour elle quelque chose de terriblement exitant. C'est comme une page blanche, quelque chose devant soi qui ne demande qu'à être accompli. Elle ne sait pas tellement où elle va, mais puisqu'elle ne sait pas vraiment où aller, autant s'engager sur ce trottoir là. Des visages défilent, des plus ou moins souriants. Mademoiselle aime observer les gens. Le fleuriste... une multitude de couleurs ont attiré son attention. Elle reste quelques minutes à observer les nombreuses sortes de fleurs devant elle, simplement parce que c'est joli.

   Il y a un bar, là-bas. Elle meurt d'envie d'aller boire un verre mais la petite fille peureuse en elle préfère rester là sous prétexte qu'elle ne comprendra pas le moindre mot de ce qu'on pourra lui dire. Tant pis. Elle continue son chemin.

   Elle se retrouve sur un pont. Elle observe l'eau pendant des heures alors que le soleil se promène dans le ciel jusqu'à annoncer qu'il se fait tard. "Déjà..." se dit Rose qui ne sait pas tellement où elle va dormir le soir. Elle qui a passé une journée mémorable qui la faisait sourire sans raison apparente. Elle retourne sur le trottoir, longe le bord jusqu'à trouver un escalier menant à un rebord qui longe l'eau et qui rejoint le pont. Elle se retrouve sous ce pont et se dit "pourquoi pas ?" Elle s'en fout de la pluie, jusqu'elle pourrait être réveillée, alors ici c'est pas trop mal. Mademoiselle se sent bien malgré tout parce que se retrouver là du jour au lendemain, c'est comme avoir changé de vie. Tout reste à faire. Et puis cet endroit, c'est ailleurs et c'est bien connu qu'ailleurs c'est toujours mieux.

   Tout cela pour dire que moi aussi j'aimerais, sur un coup de tête, prendre l'avion et débarquer à l'étranger afin d'aller m'aventurer vers l'inconnu... je ne dirais pas quelque chose du genre "la vie n'est pas faite pour rester planter là à rêver d'ailleurs" parce que je ne sais pas dans quel but la vie est faite, mais je ne veux pas passer la mienne à faire constament les mêmes allers-retours et m'étouffer avec mon propre train-train. Non moi, je veux m'envoler ! Je ne m'appelle pas Dora (bêrk...), mais je suis une exploratrice. ^^